Author: Wictoriane
•12:29


Le livre :
Titre original : Persuasion
Date de parution : 1818
Traduction française par : André Belamich
Editions Christian Bourgois éditeur
mon édition en 10/18 domaine étranger
315 pages

Le sujet
:
Angleterre. 1814. Anne Elliot retrouve Frederick Wentworth, un capitaine de marine qu'elle avait repoussé alors qu'elle avait 19 ans et lui 23, persuadée par sa famille que ce n'était pas un mari qui lui conviendrait. Huit ans après, Anne retombe sous le charme de son ancien fiancé, tandis que lui semble indifférent... Le temps de la reconquête est venu, qui finira par ouvrir les yeux (et rouvrir) le coeur de l'ancien fiancé éconduit.

Le verbe :
Henriette lui a demandé ce qu’il pensait de vous, lorsqu’ils sont partis, et il a dit que vous étiez si changée qu’il ne vous aurait pas reconnue.
Mary n’avait pas assez de sensibilité pour respecter, d’ordinaire, celle de sa sœur ; mais elle ne se douta pas le moins du monde qu’elle venait de lui faire une blessure particulière.
« Méconnaissable ! » Anne acquiesça totalement, en proie à une silencieuse et profonde mortification. Sans aucun doute, il en était ainsi et elle ne pouvait pas prendre sa revanche, car lui n’avait pas changé, pas enlaidi en tout cas.
(p 74)
Mon complément :
J'ai vécu avec Persuasion depuis si longtemps que cette lecture est un bain de jouvence, ou de connivences ou tout ce qui explique le bien-être. Bien entendu, cette attachement n'est pas rationnel. Enfin, le fait est que j'adore Persuasion.

Anne, la deuxième fille de Sir Walter Elliot, est le personnage principal de ce livre. C'est une jeune femme raisonnable, qui doit faire face à un père fat et dépensier. Celui-ci préfère nettement sa fille ainée, Elizabeth, avec laquelle ils partagent le goût du luxe. La mère est morte, et Anne trouve en Lady Russel, la meilleure amie de celle-ci, une mère de substitution.
Trop endettée, la famille Elliot accepte de louer leur château de Kellynch à un riche couple tandis qu'ils décident de se fixer à Bath, une station thermale alors à la mode et plus dans leurs moyens. Anne ne les accompagne pas tout de suite car elle reste dans le voisinage, vivre quelques mois chez Mary, la plus jeune soeur Elliot, mariée, 2 enfants. Là, elle retrouve Frederick son premier (et seul) amour. Mais celui-ci ne la regarde plus, et pire encore, semble déterminé à se marier avec une autre. Cependant, une graine de pardon s'immisce en son coeur, et peu à peu se met à croître tandis que Anne s'éloigne pour rejoindre son père et sa soeur à Bath.
Frederick l'y rejoint, prêt à lui faire comprendre qu'il l'aime.
Anne ne voyait rien, ne pensait à rien de l’éclat de la salle. Son bonheur était tout intérieur.
…/…
ces phrases commencées qu’il ne pouvait terminer…ses yeux à demi tournés et son regard plus qu’à demi expressif…tout cela proclamait au moins que son cœur retournait à elle : que la colère, la rancune, le désir de l’éviter étaient passés…
p 217

Mais il est très vite mordu par la jalousie en découvrant qu'Anne est courtisée par un certain William Elliot, qui, non content d'être le veuf heureux d'une femme épousée pour son argent, veut désormais épouser Anne pour compléter le tableau de l'arriviste parfait : fortune, titre de barronet qui lui reviendra après la mort Sir Walter Elliot et une belle petite femme, intelligente qui lui donnera une descendance.

Frederick finit par écrire une fervente lettre où il déclare son amour et Anne le persuadera que cette fois est la bonne...

« Je ne puis écouter davantage en silence. Il faut que je vous parle, avec les moyens dont je dispose. Vous transpercez mon âme. Je suis partagé entre l’angoisse et l’espoir. Non, ne me dites pas qu’il est trop tard, que ces précieux sentiments ont disparu à jamais. Je vous offre de nouveau un coeur qui vous appartient encore plus totalement que lorsque vous l’avez brisé, il y a huit ans et demi. Ne prétendez pas que l’homme oublie plus vite que la femme, que son amour meurt plus tôt. Je n’ai jamais aimé que vous. Injuste, j’ai pu l’être, faible et rancunier, je l’ai été… mais inconstant, jamais. C’est vous seule qui m’avait fait venir à Bath. C’est pour vous seule que je pense, que je fais des projets… Ne l’avez-vous pas senti ? N’avez-vous pas compris mes souhaits ?… Je n’aurais même pas attendu ces dix jours si j’avais pu lire vos sentiments comme je pense que vous avez dû pénétrer les miens. J’arrive à peine à vous écrire. J’entends à tout moment quelque chose qui me bouleverse. Vous baissez la voix, mais je puis distinguer les inflexions de cette voix, quand même elles échapperaient à d’autres… O parfaite, excellente créature ! Vous nous rendez bien justice. Vous êtes sûre que l’attachement et la constance véritables existent parmi les hommes. Soyez assurée de les trouver infiniment fervents, infiniment fidèles chez
F. W.
Il faut que je parte, incertain de mon sort ; mais je reviendrai ici ou bien je rejoindrai votre groupe dès qu’il me sera possible. Un mot, un regard suffiront à décider si j’entrerai chez votre père ce soir, ou jamais. »



Il ne s'agit bien évidemment pas seulement d'une histoire d'amour, qui commence mal et qui finit bien. Pas tout à fait. Jane Austen nous guide, avec son style réjouissant, dans le monde conventionnel de la société qui fut la sienne, une société qui faisait la part belle à la descendance, la prestance, et qui n'avait que faire de la cordialité et de l'intelligence.

Je décide de ne pas parler dans ce billet de tous les personnages de ce roman, il y aurait beaucoup à dire. Juste ajouter que la multitude n'est pas du tout encombrante : Jane Austen situe parfaitement les protagonistes, les noms ne sont pas compliqués (c'est important) et l'imagination du lecteur garde une certaine liberté.

Je suis (je n'ai aucune honte !) certainement un peu amoureuse de Frederick moi aussi... J'ai d'ailleurs noté que nous "perdons" le personnage de FW durant 62 pages (c’est très long !!!) :
  • départ de FW à la fin du chap XII (p 141)
  • retour de FW au chap XIX (p 203)


ancienne carte d'Angleterre (1812)

L'action du récit se situe dans des contrées fictives de régions identifiables : Bath dans le Sommerset Shire (sud-ouest), Lyme dans le Dorset Shire (sud)
Kellynch est situé à 50 miles de Bath (80 km environ)
Uppercross est à 3 miles (5 km) de Kellynch
This entry was posted on 12:29 and is filed under , , , . You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.


Ce site a été créé en mai 2010, sur l'impulsion d'une lectrice admiratrice de l'auteur ; sont ici proposés des avis qui ne sont en aucun cas des critiques professionnelles, merci de ne pas vous approprier mes propos (qui sont par ailleurs parus dans mon blog et ma bibliothèque Babelio).